Votre enfant veut compter les noyaux des olives dans son assiette, compter les lettres que vous voulez lui apprendre (!) ou compte les rainures du radiateur: c'est sûr votre enfant est en période sensible* pour le comptage !
Vous êtes perdu(e) dans tous les jouets bariolés avec des chiffres que le Père Noël a apportés et bien à coup sûr votre enfant sera également dans la même confusion, lui qui est constamment bombardé par les sensations du monde extérieur.
Ce qui est primordial c'est d' éviter de transformer l'enfant en perroquet !
Nous allons voir comment la récitation mécanique de la comptine ne construit pas la relation des éléments entre eux car contrairement aux idées reçues, énoncer les mots dans l'ordre peut devenir une règle de mal-compter.
Compter revient à établir le lien entre une quantité et le nombre/mot.
A ce stade nous n'associons pas pas l'écriture des chiffres. A partir de là, vous pouvez mettre de côté et pour un moment, les dominos chiffres et quantités...
LE GESTE DE COMPTER
« Le comptage est le couteau suisse de l'arithmétique ». Stanislas Dehaene.
Pour apprendre à compter il me semble qu'il est préférable de ne pas dénombrer de manière statique ( des collections déjà figées) mais d'inclure le mouvement c'est à dire l'acte de prendre, et de faire le « saut » en ajoutant.
Sans le geste, l'enfant compte à l'aveugle, il est dans le flou. Bon nombre de soit- disant dyscalculies démarrent ici. L'enfant dénombre mécaniquement par une simple correspondance terme à terme.
En effet dans le mot parlé: "deux", rien n'indique que c'est un plus un, que "trois", c'est un plus un plus un.
ET pourtant c'est cette relation entre les éléments déjà comptés que l'enfant doit mettre en place dès les premiers nombres ( 1, 2, 3, 4..)
"Deux, c'est un PLUS un
"Trois", c'est un plus un PLUS un
Ce qui est important c'est le lien entre chaque mot et les éléments déjà comptés.
Sans mouvement et recomptage, l'enfant mécanise la chanson et l'ordre des mots ( un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix) mais sans comprendre l'organisation de ces premiers nombres.
A la suite d'une observation avec mon plus jeune fils de 4 ans qui a reconstitué la séquence des nombres avec une même collection de billes, j'ajouterai :
apprendre à compter au sein d'une collection unique.
En effet, à l'école ou dans la plupart des jouets ludo-éducatifs, les enfants sont amenés à dénombrer à chaque fois des collections différentes: un coup des ballons puis des carottes ensuite des papillons …
Le plus souvent on ne donne pas à l'enfant « l'occasion » de construire la relation entre les quantités.
Il compte des papillons: « Six papillons!»
puis des pommes: « Cinq pommes! »
Les nombres nouveaux sont généralement présentés avec des collections à chaque fois différentes.
Ex: « Après 8, c'est 9 comme neuf chats » ... !!!
Quelques conseils concrets:
- L'enfant doit apprendre à compter des éléments d'une collection d'objets identiques:des pommes et rien que des pommes (mais non pas des pommes avec des poires et des bananes...)
Ne démarrez pas avec le comptage sur les doigts car l'enfant peut changer de doigt ce qui le perturbe. De plus interférence avec le vocabulaire : pouce, majeur ….
Je ne conseille pas de démarrer avec des petites allumettes, trop fines et de couleur trop neutre mais avec des objets plus faciles à prendre comme des grosses noix...
Compter la collection de gauche à droite, ce qui correspond à notre ligne numérique: de plus petit à plus grand.
Le dénombrement d'une collection en « constellation » , ( c'est en dire dans le désordre )est délicate, confuse, incertaine.
Selon que l'enfant compte dans un sens ou dans un autre, il ne tombe jamais sur le même nombre ! Même vous, essayez!
La confiance au nombre est donc directement atteinte. Les yeux ne peuvent suffir pour compter correctement.
Cas pratique pour un apprentissage "autonome":
Ex: compter avec des billes chinoise toutes disposées dans un pot/ boîte.
L'enfant prend une bille , la pose et compte un.
L'enfant prend une autre bille, la pose à droite de l'autre et recompte depuis la première: un, deux
L'enfant prend une autre bille, la pose à droite de la précédente et recompte depuis la première: un, deux, trois …
L'enfant compte toujours en relation avec ce qu'il a déjà compté.
C'est cette relation qui fait le nombre sans quoi avec une simple correspondance terme à terme ,il croira que 3 est la troisième bille …
Compter n'est pas une correspondance terme à terme avec les éléments mais bien la mise en place d'une relation...
C'est cette connexion que l'enfant doit établir et qui lui apportera une connaissance solide.
Les écoles Montessori utilisent un matériel étonnant de simplicité: les barres rouges et bleues. Simple mais qui matérialise l'abstraction des nombres et qui permet de travailler les relations entre la quantité et le mot et plus tard la relation avec le symbôle.
La leçon en 3 temps est utilisée comme aide à la mémorisation.
Maria Montessori parlait de "l'esprit mathématique" pour lequel nous sommes tous dotés.
Si, si, les jeunes enfants sont attirés pas les mathématiques ! Il ne faut "simplement "pas râter le moment, "leur" moment ....
car alors les apprentissages seront bien plus compliqués ...